Défiscalisation

Pourquoi le Livret A est en perte de vitesse ?

Touché par une décollecte record de 3,81 milliards d'euros en octobre 2025, le Livret A continue de perdre du terrain dans les arbitrages des épargnants. Et la tendance pourrait s’accentuer : selon les premières données économiques, la formule officielle laisse entrevoir une nouvelle baisse du taux en février 2026.

 

Comme tous les six mois, le rendement du Livret A sera recalculé début 2026. Après une correction à 1,70 % au 1er août, il pourrait de nouveau être abaissé. La mécanique est connue : le taux dépend de l’inflation moyenne semestrielle et de la moyenne des taux interbancaires (Euribor) sur la même période. Or les deux curseurs pointent clairement vers le bas.

 

L’inflation reste extrêmement contenue : l’Insee a mesuré en novembre une hausse des prix limitée à +0,9 % sur un an, un niveau identique à celui d’octobre. Les taux interbancaires évoluent autour de 1,90 % depuis juin, sans tension particulière. Appliquée strictement, la formule conduirait donc à un taux théorique compris entre 1,40 % et 1,50 %.

 

Une décollecte inédite qui fragilise encore son attractivité

Cette perspective intervient alors que le produit subit déjà un sérieux revers. D’après la Banque de France, la décollecte d’octobre constitue la deuxième plus importante depuis 2009. Fait clé : ce reflux ne reflète pas un relâchement de l’épargne des ménages, qui continuent au contraire de mettre de l’argent de côté. Ils arbitrent simplement vers des placements jugés plus performants.

 

L’assurance-vie capte les flux

La grande gagnante du moment est l’assurance-vie, portée par la remontée des taux obligataires. Les fonds en euros, sécurisés et garantis en capital, devraient afficher un rendement moyen proche de 2,60 % en 2025, soit près d’un point au-dessus du Livret A. Dans un contexte où la sécurité reste primordiale, ce différentiel joue un rôle majeur dans les réallocations d’épargne.

 

Le gouvernement peut-il empêcher la baisse ?

Comme à chaque échéance, la décision finale revient au ministre de l’Économie, sur recommandation de la Banque de France. Il lui est possible de déroger à la formule pour maintenir le taux inchangé, notamment lorsque l’enjeu social lié au financement du logement est jugé prioritaire. Rien n’indique toutefois qu’un arbitrage exceptionnel sera retenu cette fois-ci.

 

La décision, attendue mi-janvier 2026, sera déterminante pour les épargnants comme pour les acteurs institutionnels, dans un moment où l’équilibre entre pouvoir d’achat, financement du logement social et attractivité de l’épargne réglementée devient particulièrement délicat.